samedi 27 mai 2006

vendredi soir...

Sommeil. trop longues heures d’éveil, trop longues heures l’esprit vide et creux. Rien ne passe. Rien de nouveau, rien qui ne vienne de moi. Un peu, le bruit des autres, parfois, me traverse… un long beep, assourdissant. et vide.

Peu à peu. Sur la fin, quand le dernier souffle est parti et la dernière parole prononcée, et le rideau roulé, il n’y a plus rien. ma pensée s’appuyait de son poids sur le théâtre, elle le suivait, le jugeait parfois. Le film est fini. ma pensée comme un vieillard sans bâton s’écroule. Cherche un nouveau guide.

[Je n’ai pas écrit depuis longtemps !]

Reprendre le chant des mots, leur sûreté, leur absolu, un moment dans le silence dans le trouble retrouver l’assurance. Savoir Exprimer ce que l’on ressent.

Pensée chahutée, écrasée au sol. Elle s’est élevée. Envolée, partie. [laver la fatigue de mon visage comme on en enlève la poussière !] La pensée envolée, impossible de la retenir au sol, l’effort est trop grand, la fatigue est trop intense. La pensée envolée parce qu’elle ne pouvait rien faire d’autre. Réfugiée dans les yeux. Grands ouverts, ébahis, comme le filtre d’un appareil photo, ils impressionnent. [on se rend compte après qu’ils se ferment avec soulagement] Le rouge et le vert dans le gris de la Ville. La Ville, dans le film. Les couleurs, fortes, vives, brûlantes, s’impriment dans la rétine comme la lumière sur du nitrate d’argent [physique]. Elles créent et dessinent mille harmonies et toutes les banalités de la vie quotidienne se muent en œuvre d’art. Comme si on choisissait si bien les mots d’un long texte ennuyeux qu’ils constituent des vers. Nos vers, les Siens, mais l’impression merveilleuse : c’est beau. Et le réconfort.

L’univers matériel glisse autour de nous et on dérive maladroitement dedans comme un enfant cherche son équilibre.

Dans les pensés, le calme, réconfort – savoir qu’au pas suivant, une autre œuvre d’art – cadrage merveilleux des yeux – nous ouvrira ses portes et son univers, savoir que la fleur suivante nous accueillera, et dans le long voyage, quelques pas à peine, nul besoin de se reposer dans la réalité, dans le monde froid, matériel et laid…

Et la lumière, les couleurs trop brillantes - une simple lampe m’aveugle et brûle comme si c’était le soleil – comme une gigantesque photo sur les murs de la Ville – et au milieu des rectangles brillants, souvenirs vernis sur la table du salon, deux fleurs violettes, fines, délicates et tremblantes, deux fleurs qui sitôt éveillées disent qu’elles vont faner ; connaissez-vous, parisien, la beauté, la délicatesse de deux lampadaires sur le point de s’allumer, deux lampadaires violets et délicats comme les pétales de la beauté qui doucement apparaissent sous mon regard fatigué, et se découpent tranquillement sur la ville.

Elle est grise, vois-tu, mais pas de la même manière que d’habitude, mille gris colorés, superbes. Et ces deux lampadaires mauves, pétales diaphanes délicatement posés.

2 commentaires:

Lu a dit…

Tu vois Lilou je te l'avais dit que la ville, même grise, n'était pas si moche... On y observe la moindre parcelle de couleur, la moindre étincelle de vie avec d'autant plus de joie qu'elles sont rares... La vie à la campagne ça doit renre hyper blasé sur la nature! Enfin ça permet quand on va en ville d'admirer la beauté architecturale, la majesté des bâtiments de toute sorte... Choses desquelles on est blasé lorsqu'on vit en ville...
Plus tard je vivrais dans une petite ville de province... Une ville où on peut se réfugier dans une foule lorsqu'on en a besoin (si si ça arrive) et où on peut s'allonger dans un champ un peu plus loin quand on veut être seul avec soi-même...

lil'liz a dit…

j'arrive pas à me lasser de la beauté de la campagne, surtout de la mer... mais il faut que je titube de fatigue (en fait, elle est super vraie cette expression !) pour aimer la ville, et encore, c'est parce que je voyais pas clair du tt !